mardi 20 février 2007

Le trésor du Chameau.

Voici une histoire étonnante, enfin une histoire de trésor, bien connue de tous les numismates amateurs.


Tous les ans, les habitants de la Nouvelle-France, qui faisait encore partie des colonies (elle ne sera perdue qu'après le traité de Paris en 1763), recevaient des subsides et du ravitaillement de la métropole, dont du numéraire.


Le Chameau, navire parti de Rochefort avec dans ses cales l'équivalent du budget d'une année, coule en 1725 au large du Cap-Breton (Nouvelle-Ecosse).


Il n'y a aucun survivant, et seuls quelques morceaux de cargaison s'échouent sur les plages alentour.


Comme tous les trésors, le souvenir s'est perpétué pendant plus de deux siècles. Le Chameau n'est plus qu'une légende locale, jusqu'à ce qu'un chercheur commence à s'y intéresser.


Un chasseur de trésors commence sa quête en 1960 et finit par retrouver en 1965 d'importantes quantités de pièces. Il trouve 6 958 écus aux 8L et, sous ces derniers, plusieurs centaines de pièces en or.


Si les monnaies d'or sont pour certaines en excellent état, il n'en est pas de même des monnaies en argent, dont seules 101 ont été récupérées dans un état acceptable.


Le trésor fut dispersé lors d'une vente à New-York en 1971.
Un écu aux 8L, provenant du trésor du Chameau. Il fait partie des 101 pièces rescapées de ce navire. Malgré les concrétions dont il est couvert, cet écu est encore très lisible. Coll. privée.
Note sur l'écu de type aux 8 L.
Il s'agit de la monnaie la plus petite de toute notre histoire monétaire (23,59g pour un diamètre de 38 à 39 mm), ce à cause de l'importante crise financière que traversait le pays à l'époque (le naufrage du système de Law est tout récent).
C'est la raison pour laquelle cet écu ne fut frappé que pendant 18 mois. Sa valeur sera relevée de 3 livres 4 sols à 4 livres 3 sols 6 deniers, afin d'encourager les détenteurs de cette monnaie à la porter à la refonte.
La mesure a rencontré un grand succès, et les écus aux 8 L sont très difficiles à trouver aujourd'hui.

dimanche 18 février 2007

L'arrêt de l'année.

Merci d'avoir créé les juridictions de proximité, avec des juges d'un professionalisme à faire peur.
Vivement qu'on invente une nouvelle juridiction, pour rigoler un peu.
Lisez bien la motivation des juges de TOULON (il n'y a pas de raison de laisser ces éminents juristes dans l'anonymat), elle est percutante.
Cour de CassationChambre civile 2
Audience publique du 14 septembre 2006
CassationN° de pourvoi : 04-20524 Publié au bulletinPrésident : Mme FAVRE
REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAISAU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

LA COUR DE CASSATION, DEUXIEME CHAMBRE CIVILE, a rendu l'arrêt suivant :
Attendu, selon le jugement attaqué, rendu en dernier ressort, que Mme X..., qui avait donné en location à M. et Mme Y..., pendant une période estivale, une caravane et ses accessoires, a été condamnée par une juridiction de proximité à leur payer une certaine somme à titre de dommages-intérêts ;
Sur le premier moyen, pris en sa première branche :
Vu l'article 6.1 de la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales ;
Attendu que toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue par un tribunal impartial ;
Attendu que, pour condamner Mme X..., le jugement retient notamment "la piètre dimension de la défenderesse qui voudrait rivaliser avec les plus grands escrocs, ce qui ne constitue nullement un but louable en soi sauf pour certains personnages pétris de malhonnêteté comme ici Mme X... dotée d'un quotient intellectuel aussi restreint que la surface habitable de sa caravane, ses préoccupations manifestement strictement financières et dont la cupidité le dispute à la fourberie, le fait qu'elle acculait ainsi sans état d'âme et avec l'expérience de l'impunité ses futurs locataires et qu'elle était sortie du domaine virtuel où elle prétendait sévir impunément du moins jusqu'à ce jour, les agissements frauduleux ou crapuleux perpétrés par elle nécessitant la mise en oeuvre d'investigations de nature à la neutraliser définitivement" ;
Qu'en statuant ainsi, en des termes injurieux et manifestement incompatibles avec l'exigence d'impartialité, le juge a violé le texte susvisé ;
Sur le deuxième moyen :
Vu l'article 6.1 de la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, ensemble les articles 1353 du code civil et 455 du nouveau code de procédure civile ;
Attendu que toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement ;
Attendu que, pour écarter les éléments de preuve produits par Mme X..., le jugement énonce notamment "que si la présente juridiction conçoit aisément que les requérants aient dû recourir à des attestations pour étayer leurs allégations, elle ne saurait l'accepter de la bailleresse, supposée de par sa qualité, détenir et produire à tout moment, sauf à s'en abstenir sciemment et dès lors fautivement, tous documents utiles, que si Mme X... disposait d'éléments autrement plus probants mais certainement très embarrassants à produire auprès de la juridiction de céans que toutes les attestations sans exception aucune, de pure et manifeste complaisance dont elle a cru mais à tort qu'elles suffiraient à corroborer ces allégations, il échet de déclarer ces dernières mensongères et de les sanctionner" ;
Qu'en statuant par des motifs inintelligibles et en écartant par une pétition de principe certains des éléments de preuve produits par Mme X..., rompant ainsi l'égalité des armes, le juge a violé les textes susvisés ;
PAR CES MOTIFS, sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres griefs du pourvoi :
CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, le jugement rendu le 26 mai 2004, entre les parties, par la juridiction de proximité siégeant dans le ressort du tribunal d'instance de Toulon ;
remet, en conséquence, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit jugement et, pour être fait droit, les renvoie devant par la juridiction de proximité siégeant dans le ressort du tribunal d'instance de Marseille ;
Laisse les dépens à la charge du Trésor public ;
Vu l'article 700 du nouveau code de procédure civile, rejette les demandes respectives des parties ;
Dit que sur les diligences du procureur général près la Cour de cassation, le présent arrêt sera transmis pour être transcrit en marge ou à la suite du jugement cassé ;
Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, deuxième chambre civile, et prononcé par le président en son audience publique du quatorze septembre deux mille six.
Décision attaquée : juridiction de proximité siégeant dans le ressort du tribunal d'instance de Toulon 2004-05-26

Un lien pas très historique, mais vraiment rigolo.

Je n'ai pas bien compris ce qu'il fait sur le site de Turbo, mais allez-y, c'est moins fatiguant pour la tête que les articles habituellement contenus dans ce petit blog.

C'est la France qu'on aime et qui est en train de se perdre, à cause de tous ces hygiénistes politiquement corrects et bien-pensants. Dommage, j'aimais bien moi.

http://wideo.turbo.fr/video/iLyROoaftztd.html

samedi 17 février 2007

L'auteur du mois, Jean-François Parot.

Pourquoi auteur du mois ? Parce que j'en ai envie, m'emmerdez pas. C'est l'avantage d'avoir son blog, on est dictateur en sa maison, c'est très agréable.
Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore et qui auraient comme un petit faible pour l'Ancien Régime, il faut lire Jean-François Parot.
Ancien diplomate, il a écrit six (enfin je crois) romans policiers d'excellente facture.
L'histoire se déroule dans le Paris de la fin du règne de Louis XV et de celui de Louis XVI.
Vous y suivrez les pérégrinations de Nicolas Le Floch (non, il n'est pas corse, mais breton. Etonnant non ?), enfant adultérin d'un notable breton, venu chercher fortune dans la capitale.
Commissaire au Châtelet, il est chargé par Sartine, puis par son successeur d'élucider toutes sortes d'affaires mystérieuses et complots en tous genres touchant de près le roi et son entourage.
Il est entouré de toutes sortes de personnages pittoresques, de la prostituée de luxe au respectable magistrat proche du duc de Richelieu (mais si, le nabot cynique et gouailleur, parasite de la Cour, dans le genre de Saint-Simon, en moins pédant).
Jean-François Parot maîtrise parfaitement son sujet, et connaît aussi bien les procédures judiciaires que la vie à la Cour et les porteurs d'eau. Son style est alerte et sûr, ce qui ne gâche rien.
Avec talent, il nous mène à la rencontre de personnages historiques hauts en couleur comme le chevalier d'Eon ou Morande (pamphlétaire talentueux qui a causé bon nombre d'insomnies à Louis XV et à la Pompadour) et nous fait visiter l'histoire de la France et de Paris de manière distrayante et instructive.
Pas forcément adepte des romans historiques, j'avoue avoir succombé. On sent que l'auteur est un érudit, qui se promène dans le Paris du XVIII° comme s'il l'avait vécu.
Vous apprendrez donc beaucoup de choses tout en vivant une enquête policière passionnante (rien à voir avec les cochonneries qu'on nous impose à grand renfort de battage médiatique d'autant plus important que le livre est d'une nullité-crasse affligeante. Mais non, je n'ai pas parlé de Dan Brown et de ses livres faits à la presse hydraulique).
En plus, c'est pas cher, les livres sont disponibles en poche dans la collection "grands détectives".
Je ne sais pas si je me suis bien fait comprendre : courez à la librairie la plus proche, achetez l'intégrale et enfermez-vous pendant quelques jours.
Je précise que je ne touche pas de royalties sur les ventes.

vendredi 16 février 2007

L'Euro est né en 1865 !!

Non, l'Euro n'est pas né avec le XXI° siècle. Voilà, c'est dit et ça fait du bien.

Je passerai sur les monnaies imposées aux pays conquis, que ce soit par Rome ou par le Premier Empire. On écrira plus tard un petit article là-dessus.

Napoléon III est le premier à avoir réussi à créer pacifiquement une union monétaire, après tout bien dans l'esprit du temps.

Il profite de la grande exposition universelle de 1865 pour proposer à divers pays européens une union monétaire, dite "Union Latine". Elle regroupe, ce qui n'est pas rien, la France, la Belgique, la Suisse et l'Italie.

Ces pièces sont fabriquées selon les mêmes critères de poids, de taille et de titre. Une pièce de 20 lires en or est similaire à une pièce de 20 Francs français ou suisses.

Les parisiens peuvent effectuer leurs achats en Italie en Francs, les Italiens payer un commerçant français en lires. Comparez les différentes monnaies, et vous verrez qu'elles sont identiques.

Mais ce n'est pas fini. L'Union Latine fait tâche d'huile, et d'autres Etats se piquent au jeu : Grèce, Espagne, Russie, Finlande... Ces pays adoptent des monnayages semblables à ceux de l'Union Latine.

On fabrique même des essais monétaires libellés dans deux monnaies, franc et dollar par exemple.

Cette initiative de Napoléon III permet au Franc, aiguillonné par une économie française en pleine forme, de devenir une unité monétaire de référence pendant quelques temps.

La chute inattendue de l'Empire et les troubles qui s'ensuivirent n'ont pas permis à cette union de durer.

Comme quoi il faut bien faire attention avant de dire que quelque chose est nouveau.

jeudi 15 février 2007

Tricentenaire de Vauban






Gros sujet, petit article. Entre la Môme et Taxi IV, une place un peu plus importante pourrait être faite à l'une de nos plus grandes gloires militaires.

On a sacrifié Vauban à Piaf, je ne sais pas si c'est bien judicieux, mais passons.

Alors, pour ceux qui ne connaîtraient pas notre grand poliorcète national, voici quelques brefs éléments biographiques.

Sébastien le Prestre de Vauban naît en 1633, d'une famille de petite noblesse (voire pas noble du tout, mais peu importe).

Le XVII° siècle étant fécond en guerres en tous genres, le génie de Vauban va rapidement pouvoir éclater au grand jour.

Engagé très jeune dans les armées de Condé, qui combattent à l'époque, faut-il le préciser les troupes royales, il est capturé en 1653. Il en profite pour passer au service de Mazarin, qui sait, et c'est heureux, pardonner quand il le faut.

Il est nommé ingénieur du roi en 1658, après avoir déjà recueilli quelques blessures, dont, si mes souvenirs sont bons, celle à la joue qu'il arborera fièrement tout au long de sa vie.

Vauban ne tarde pas à faire preuve d'une activité débordante et à supplanter son rival d'alors, le chevalier de Clerville, assez injustement oublié d'ailleurs.

Après le rachat de Dunkerque, il est tout naturellement chargé de construire les fortifications de cette importante cité corsaire.


Plan des fortifications de Dunkerque.

Ses ouvrages prouveront amplement leur invulnérabilité lors de la guerre de la Ligue d'Augsbourg. Dirigée de main de maître par Jean Bart (qui dirigeait le feu de son fort avec son fils Cornil) et Marc-Antoine de Saint-Pol Hécourt (qui repoussait les brulôts et frégates anglais de sa chaloupe), la défense fait plier par deux fois les Anglais.
On se souviendra du mémorable siège de 1696, dirigé par Shovel, et immortalisé par une grande fresque en faïence bleue, encore visible à Dunkerque, au cours duquel les Anglais n'ont pu détruire aucun ouvrage militaire.

A noter qu'ils se souviendront de cet affront et que la cité corsaire paiera un lourd tribut lors de la paix d'Utrecht de 1713, puisque les fortifications seront démantelées.

Mais revenons à Vauban (désolé, je suis fatigué, je viens de me farcir un fastidieux cours de plaidoirie). Il brille encore lors de la guerre de Hollande, au cours de laquelle il s'empare de Maastricht en treize jours, un record. Lors de ce siège, il inaugure les parallèles d'attaque, dont feront usage par la suite toutes les armées d'Europe.

Brigadier général en 1674, il est nommé commissaire général des fortifications en 1678. Il peut enfin réaliser son rêve, doter la France de la fameuse "ceinture de fer". L'objectif est d'éviter que l'ennemi, comme celà fut trop souvent le cas, surtout lors du siècle de conflit avec les Habsbourg, ne puisse pénétrer au coeur de la France et y faire des ravages.

Ses attentions se portent surtout sur le Nord (Neuf-Brisach est un modèle du genre), mais il ne néglige pas le sud pour autant. Il sait remarquablement tirer parti du relief, choisit les emplacements à merveille, réalisant par là même d'importantes économies. Certaines de ses fortification érigées dans les Pyrénées sont un modèle du genre.




Fortifications de Saint-Martin de Ré.


Son incessante activité lui fait parcourir des milliers de kilomètres tous les ans, à une époque où les déplacements sont encore difficiles (les postes et relais, dont l'organisation un tant soit peu moderne date du règne d'Henri IV, en sont à leur balbutiements). Lui qui est toujours resté proche de la terre et des petites gens, touche du doigt leurs difficultés quotidiennes, et leurs très médiocres conditions de vie. Mais on y reviendra.

Avare de la vie de ses hommes, il invente toutes sortes de choses, de la baïonnette à douille au boulet creux, en passant par les feux croisés et le tir à ricochet.

La rude guerre de Succession d'Espagne, dont il ne verra pas le dénouement, lui démontre que ses forteresses ne sont pas imprenables, loin s'en faut : Landau est prise plusieurs fois.

Son oeuvre est cependant exceptionnelle, puisque ses ouvrages ont permis à la France de demeurer inviolable pendant plus d'un siècle.

Couvert d'honneurs sur le tard (il ne sera fait maréchal qu'en 1703), Vauban fait preuve d'une étonnante franchise et quoique fier de lui (mais pourquoi ne le serait-il pas), sait faire preuve de modération.

Il se mêle de tout et de n'importe quoi, surtout de ce qui ne le regarde pas. Aucune intention malicieuse là dedans, mais seulement esprit curieux qui cherche au mieux à servir son pays.

Son "cochonnerie, ou calcul estimatif pour connaître jusqu'où peut aller la production d'une truie pendant dix années de temps", est très intéressant à cet égard : il cherche à y démontrer, calculs (pas toujours exacts) à l'appui, que les Français peuvent parvenir rapidement à l'autosuffisance alimentaire en élevant chacun une truie.

Il inonde Louis XIV de mémoires en tous genres, lui reprochant par exemple la révocation de l'Edit de Nantes, pas forcément par solidarité avec les Réformés d'ailleurs ; en bon pragmatique, il se rend compte que Louis XIV perd là certains de ses plus forts soutiens, et qu'il se créée une réputation détestable auprès des pays protestants, dont certains sont les alliés réguliers de la France depuis Henri IV.

Bien que Louis XIV lui passe tout, parce qu'il est bien conscient qu'en ces temps difficiles, il a besoin de cet homme unique, il frappe fort et finit par tomber dans une demi-disgrâce.

Mais qu'importe, il en faut plus pour le décourager, et il envoie mémoire sur mémoire à la Cour, initiative diversement appréciée.

Son "projet de dîme royale" est resté célèbre. Soulignons d'emblée qu'il n'y a rien de nouveau là-dedans, Saint-Louis ayant déjà créé un impôt similaire pour financer les croisades.

L'idée est de frapper tous les Français d'une manière égale, qu'ils soient privilégiés ou non. Le livre est interdit. Louis XIV essaiera pourtant, sans succès, de mettre en place un impôt du même genre, ce dès 1695. Au passage, on soulignera que la division de la société en différentes classes permet de jeter à bas l'idée qui voudrait que la société d'Ancien Régime était divisée de façon rigide en trois ordres : la robe passe ici avant l'épée, le bourgeois avant l'ecclésiastique (si j'ai le courage, je ferai un petit exposé là-dessus).

Vauban finit par se décider à mourir en 1707, après avoir vécu plusieurs vies bien remplies.
Son mythe ne tarde pas à être récupéré par la Révolution, qui voit en lui le promoteur des frontières naturelles et du sacro-saint principe d'égalité. Deux principes à tempérer fortement.

Vauban n'a jamais parlé de ces fameuses frontières naturelles, qui ont justifié la politique d'annexion de la France révolutionnaire. Il a seulement tenté de doter la France de frontières défendables et cohérentes.

Pour l'égalité, il faudra aussi repasser. Vauban est un homme de son temps, il ne faut pas lui en demander plus qu'il ne peut (avis à certains qui récupèrent de manière stupidement anachronique certains grands hommes). Il n'est pas de ceux qui crachent dans la soupe, et sait tirer profit, même s'il n'en abuse pas à la manière d'un Maurice de Saxe, de sa situation.

Faut-il préciser que nous fêtons le tricentenaire de l'un des hommes les plus géniaux de toute notre histoire militaire ? Il a cumulé les records, et reste le seul ingénieur fait maréchal. Je ne cache donc pas mon admiration pour ce personnage attachant, qu'on pourrait fêter un peu plus.

A ceux qui voudraient en savoir un peu plus, je signalerai deux ouvrages. Le Vauban d'Anne Blanchard, publié chez Fayard, est fortement recommandé. Puissamment documenté, il est à la fois complet et vivant.

Pour ceux qui aiment les belles illustrations, je recommande fortement le beau livre de François Hanscotte (que j'ai l'honneur de pouvoir compter parmi mes relations privilégiées, si !), Vauban et le Nord, la ceinture de fer, publié aux éditions les Patrimoines (enfin je crois). Non seulement les illustrations sont au rendez-vous, mais en plus on vous gratifie d'un beau texte.

Enfin, regardez la revue l'Histoire, qui, sous la plume de l'excellent Joël Cornette, publie tous les mois un petit feuilleton consacré à Vauban.

Louis XIV et la monnaie.

Voici réunis en un seul deux de mes sujets préférés.

Louis XIV tient une place à part dans l'histoire de la monnaie. Initié dès son plus jeune âge à la numismatique par Jean Warin (graveur général sous Louis XIII et au tout début de la Régence, il a révolutionné les procédés de fabrication des monnaies), Louis XIV collectionne les monnaies, essentiellement antiques. Cette collection est à l'origine de notre actuel Cabinet des Monnaies et Médailles.

La longueur de son règne n'est pas le seul facteur d'explication de la richesse des types monétaires. Il y porte un intérêt soutenu. C'est la première fois que les différents types reflèteront très fidèlement le portrait du souverain.

Les monnaies frappées sous Louis XIII restent encore d'une facture assez maladroite, sauf à la toute fin du règne, grâce à Warin.

Dans les provinces nouvellement conquises, Louis XIV fait frapper des monnaies spéciales, essentiellement pour Strasbourg et Lille (l'écu carambole est un bon exemple).

La Navarre conserve une place à part, puisque des monnaies représentant au revers les armes de ce royaume sont frappées.

Le règne de Louis XIV est aussi celui des dévaluations et des réformations.

Les difficultés financières croissantes du royaume le poussent à user de toutes sortes d'expédients, et les dévaluations se comptent par dizaines pendant la période 1643-1715.

Les réformations, inexistantes au début du règne, deviennent peu à peu la règle, à tel point qu'il est difficile de trouver une monnaie frappée sur flan neuf pour la période 1690-1715.

La réformation, procédé qui consiste à frapper un nouveau type sur une ancienne monnaie, est en effet bien plus économique qu'une refonte. L'accueil des types réformés fut assez frais (certains parlaient même de fausse monnaie), et les monnaies ainsi frappées étaient en général d'assez mauvaise qualité.

Il n'est pas rare de trouver des écus ayant subi deux, voire trois réformations.

On retiendra quand même du règne de Louis XIV l'abandon de la frappe au marteau (excepté au tout début du règne) pour la frappe au moulin. Certains types sont assez étonnants, comme la pièce de 4 sols dits des traitants, sur laquelle il n'est pas rare d'observer une verrue sur le nez de Louis XIV. On ne sait pas trop s'il s'agit d'une mauvaise plaisanterie ou d'une malfaçon.

Les frappes illégales (à ne pas confondre avec les fausses monnaies ; j'entends par frappe illégale toute monnaie frappée sans obtention du privilège ad hoc, comme ce fut le cas pour certains écus de Bordeaux dans les années 1650), encore courantes au début du règne, se raréfient.

Les monnaies cessent aussi définitivement d'être rognées, grâce à l'adoption de nouveaux procédés de fabrication, qui permettent de graver la tranche.

Une période très riche sur le plan de l'histoire métallique du pays, dont j'ai essayé de vous présenter les traits principaux. Pour ne pas fatiguer le visiteur qui pourrait venir s'égarer en ces pages, je vais cesser d'écrire et vous montrer quelques exemplaires de ma collection, qui viendront illustrer mon propos.








Ecu aux trois couronnes, frappé en 1710 à la Rochelle. Il s'agit d'une réformation, que l'on peut identifier au soleil au revers. Coll. privée.







Ecu frappé en 1650 à Bordeaux. Il s'agit probablement d'une frappe illégale. On note un flan présentant quelques défauts et d'importantes stries d'ajustage au revers. Coll. privée.






Pièce de 33 sols de Strasbourg aux insignes et aux palmes, correspondant environ à un demi-écu de type commun. Coll. privée.


Exemple de réformation. 1/2 écu au 8L, réformation d'un demi écu aux insignes. On note la mauvaise qualité de la monnaie, avec un flan paillé. Coll. privée.
Si vous êtes sages, je mettrai petit à petit d'autres scans de monnaies de ma collection.

Nouveau blog.

Voilà, j'ai succombé à la manie du blog.

Lassé par la campagne présidentielle et les continuelles jérémiades des Français, j'ai décidé de vous faire partager ma passion pour l'histoire et la numismatique.

Eh bien non, il n'y a pas que les vieux pour s'intéresser à ces matières. Je n'ai que 26 ans, et je suis numismate et historien amateur depuis l'âge de douze ans.

Je précise que je suis une bille en informatique et que j'ai un emploi du temps assez chargé, alors il vous faudra faire preuve d'un peu de patience, mais le blog s'étoffera petit à petit. Je compte sur vous pour me faire part de vos observations, m'envoyer des propositions de publications, des astuces et des idées de rubriques.

Bonne visite à tous.