jeudi 15 février 2007

Louis XIV et la monnaie.

Voici réunis en un seul deux de mes sujets préférés.

Louis XIV tient une place à part dans l'histoire de la monnaie. Initié dès son plus jeune âge à la numismatique par Jean Warin (graveur général sous Louis XIII et au tout début de la Régence, il a révolutionné les procédés de fabrication des monnaies), Louis XIV collectionne les monnaies, essentiellement antiques. Cette collection est à l'origine de notre actuel Cabinet des Monnaies et Médailles.

La longueur de son règne n'est pas le seul facteur d'explication de la richesse des types monétaires. Il y porte un intérêt soutenu. C'est la première fois que les différents types reflèteront très fidèlement le portrait du souverain.

Les monnaies frappées sous Louis XIII restent encore d'une facture assez maladroite, sauf à la toute fin du règne, grâce à Warin.

Dans les provinces nouvellement conquises, Louis XIV fait frapper des monnaies spéciales, essentiellement pour Strasbourg et Lille (l'écu carambole est un bon exemple).

La Navarre conserve une place à part, puisque des monnaies représentant au revers les armes de ce royaume sont frappées.

Le règne de Louis XIV est aussi celui des dévaluations et des réformations.

Les difficultés financières croissantes du royaume le poussent à user de toutes sortes d'expédients, et les dévaluations se comptent par dizaines pendant la période 1643-1715.

Les réformations, inexistantes au début du règne, deviennent peu à peu la règle, à tel point qu'il est difficile de trouver une monnaie frappée sur flan neuf pour la période 1690-1715.

La réformation, procédé qui consiste à frapper un nouveau type sur une ancienne monnaie, est en effet bien plus économique qu'une refonte. L'accueil des types réformés fut assez frais (certains parlaient même de fausse monnaie), et les monnaies ainsi frappées étaient en général d'assez mauvaise qualité.

Il n'est pas rare de trouver des écus ayant subi deux, voire trois réformations.

On retiendra quand même du règne de Louis XIV l'abandon de la frappe au marteau (excepté au tout début du règne) pour la frappe au moulin. Certains types sont assez étonnants, comme la pièce de 4 sols dits des traitants, sur laquelle il n'est pas rare d'observer une verrue sur le nez de Louis XIV. On ne sait pas trop s'il s'agit d'une mauvaise plaisanterie ou d'une malfaçon.

Les frappes illégales (à ne pas confondre avec les fausses monnaies ; j'entends par frappe illégale toute monnaie frappée sans obtention du privilège ad hoc, comme ce fut le cas pour certains écus de Bordeaux dans les années 1650), encore courantes au début du règne, se raréfient.

Les monnaies cessent aussi définitivement d'être rognées, grâce à l'adoption de nouveaux procédés de fabrication, qui permettent de graver la tranche.

Une période très riche sur le plan de l'histoire métallique du pays, dont j'ai essayé de vous présenter les traits principaux. Pour ne pas fatiguer le visiteur qui pourrait venir s'égarer en ces pages, je vais cesser d'écrire et vous montrer quelques exemplaires de ma collection, qui viendront illustrer mon propos.








Ecu aux trois couronnes, frappé en 1710 à la Rochelle. Il s'agit d'une réformation, que l'on peut identifier au soleil au revers. Coll. privée.







Ecu frappé en 1650 à Bordeaux. Il s'agit probablement d'une frappe illégale. On note un flan présentant quelques défauts et d'importantes stries d'ajustage au revers. Coll. privée.






Pièce de 33 sols de Strasbourg aux insignes et aux palmes, correspondant environ à un demi-écu de type commun. Coll. privée.


Exemple de réformation. 1/2 écu au 8L, réformation d'un demi écu aux insignes. On note la mauvaise qualité de la monnaie, avec un flan paillé. Coll. privée.
Si vous êtes sages, je mettrai petit à petit d'autres scans de monnaies de ma collection.

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